NON A L’ALTERNANCE / APPRENTISSAGE !
DIRE VRAI AU SUJET
DE L’APPRENTISSAGE.
Quand l’économie et l’emploi vont bien, on ne se pose pas la
question de la formation. Mais quand les difficultés apparaissent, un discours
habituel resurgit : « C’est de la faute à la formation ! ».
Quelle fumisterie ! Vous savez bien que ce n’est pas
vrai ! S’il n’y a pas d’embauche, qualifié(e) ou pas, on ne trouve pas
d’emploi.
Et aussitôt, comme l’on fait de très nombreux gouvernements
successifs, la phrase mythique réapparaît : « Il faut accroître le
nombre d’apprentis pour le porter à 500 000 ! ».
Une fois encore nous allons dire la vérité des chiffres et des
faits pour tordre le cou aux idées fausses qui circulent, et exposer des
réalités qui dérangent.
Puisque vous êtes nombreuses et nombreux à appeler pour
qu’un argumentaire soit diffusé contre l’introduction de sections
d’apprentissage/alternance en Lycée Professionnel, nous nous faisons un réel
plaisir (laïque) de vous communiquer ce que vous attendiez.
Faites en le meilleur usage ! Diffusez
le ! Adressez nous vos bonnes idées contre ce danger qui menace les LP et
nos statuts.
Question : Il
paraît qu’ « Il faut développer l’apprentissage pour aider les jeunes en
difficulté » ? Réponse : Première
affirmation fausse :
Q : On nous
dit : « On va prendre une section d’apprentis pour permettre à
des élèves qui ont échoué leur diplôme de le réussir ». N’est-ce pas bien ? R : NON ! En soi, on ne peut que souhaiter la réussite
de tous les jeunes ! Mais dans ce cas on propose un remède pire que le
mal. En effet, nous savons que c’est plutôt dans les parties générales et
théoriques que les jeunes ont « échoué ». Ce n’est donc pas en les
versant dans des versions « light » en enseignement général et
théorique qu’on les conduira à la réussite. Là encore, c’est une recherche
d’économie qui dirige : l’administration refuse de leur permettre de
« doubler » pour réussir leur diplôme car tous les autres palliatifs
coûtent moins cher à l’Education Nationale qui n’a plus à financer ces
systèmes ! Q : Il paraît
que : « L’apprentissage, c’est pour tous les jeunes ». R : Encore faux. Par exemple, la discrimination par le sexe est réelle.
Q : Pour des
jeunes en difficulté, qui ont des problèmes de comportement, qui ne viennent
pas tous les jours en cours, vous ne pensez pas qu’ils seraient mieux en
apprentissage ? R : NON ! L’entreprise rédemptrice, pacificatrice,
soignant les problèmes économiques et sociaux n’est qu’un mythe ! Le bon
patron social, une exception ! L’entreprise ne va pas signer un contrat
pour se créer un problème ! Et si le contrat est rompu en cours de cycle
(et c’est hélas le cas : 25% d’abandons au cours des 3 premiers mois tant
de la part de l’apprenti(e) que du patron révèle le malaise certain et la dure
réalité de l’apprentissage), alors le jeune va commencer la galère de
l’exclusion sans formation ni qualification. NON ! Ce n’est pas une
solution. Et en plus on sait bien que l’entreprise a toujours pratiqué le tri
sélectif parmi les jeunes. Q : On dit que
l’apprentissage serait bon pour certains jeunes ? N’est-ce pas vrai ? R : Quand ils n’ont pas d’autre choix puisque les
places en LP manquent, c’est de fait ! Si on vous posait cette même
question pour vos propres enfants vous répondriez férocement NON ! Alors
par quel miracle ce serait bon pour les enfants des autres ? Si vous êtes
convaincu(e) du rôle avant tout civique, éducatif, formateur et qualifiant de
l’entreprise et si vous pensez que la rue est l’école de la vie vous êtes un
adepte d’Ivan Illich qui pensait : « il faut fermer
l’école ». Nous vous croyons plus sérieux. Q : On nous dit que : « L’apprentissage/alternance
favorise la réussite des jeunes ». Est-ce vrai ? R : NON ! Qui peut croire à ce miracle
pédagogique ? Comparons : un(e) apprenti(e) va aller le quart du
temps en CFA en 2 ans, un(e) élève de LP va être trois quarts en cours au LP en
2 ans. Qui oserait soutenir qu’une moindre formation générale, théorique,
pratique… « favorise la réussite » ? Non sens !
D’ailleurs les chiffres ne mentent pas. Le nombre d’élèves de LP qui continuent
en Bac Pro après un BEP, voire après un Bac Pro dans une formation supérieure,
existe réellement. Le faible nombre d’apprentis qui poursuivent après un
diplôme préparé en alternance/apprentissage prouve bien que ce n’est pas une
voie qui « favorise la réussite ». Et j’ajouterai, l’école a le souci de former l’homme, le citoyen,
le travailleur alors que l’apprentissage/alternance formate un outil ! Q : Un chef
d’établissement peut-il imposer un CFA dans l’établissement ? R : NON, il faut un avis de la commission permanente et un
vote du Conseil d’Administration. Si le CA vote NON en majorité, cela ne pourra
pas se faire. Donc, votez NON et surtout faites voter NON. Q : Pourquoi un
chef d’établissement peut-il vouloir un CFA dans le LP ? R : Soit parce qu’il est favorable à
l’alternance/apprentissage, soit surtout parce qu’il voit d’un bon œil une
indemnité financière intéressante pour lui, soit parce qu’il voit un moyen de
diviser les personnels en distribuant des HS ou indemnités, soit parce qu’en
zélé fonctionnaire d’autorité il obéit aisément aux ordres de sa hiérarchie. Q : On nous
dit : « Comme il y a baisse de recrutement, il faut accepter le CFA,
comme ça on recrutera ». Est-ce vrai ? R : NON. L’apprentissage n’a jamais fait naître plus
d’enfants. Et en plus, s’il y a des apprentis payés dans le LP et des élèves
non payés en BEP ou Bac Pro, l’argument économique peut attirer les jeunes et
les sections initiales peuvent se vider ! Q : On nous
dit : « Si vous prenez un CFA, ça va sauver des postes. »
Est-ce vrai ? R : NON. D’abord parce que les heures de CFA ou
d’alternance/apprentissage n’entrent pas dans le calcul de la dotation horaire
globale (qui est la base de calcul des créations de postes). Ensuite, parce que
ces heures peuvent être distribuées en HSE, ou à des vacataires ou à des contractuels,
ce qui ne crée pas de poste budgétaire. Et aussi, il faut bien avoir en t^te
que si c’est de l’apprentissage/alternance c’est l’entreprise qui se charge de
la « formation » professionnelle. Donc il n’y aura pas besoin de
beaucoup d’heures de ce côté-là. Et avec le rythme de l’alternance, les besoins
en horaires généraux et théoriques sont très réduits. Vous savez compter…
Enfin, une section d’apprentissage est volatile ; elle peut rester deux
ans et disparaître, on l’a vu souvent. Q : On nous
dit : « Si vous prenez un CFA, ça va créer des postes ». Est-ce
vrai ? R : FAUX ! Seuls les élèves du LP entrent dans le calcul
des moyens pour les créations de postes. Par contre si l’apprentissage se
développait au détriment de la formation initiale (plus de places pour le CFA
et réduction pour les CAP-BEP-Bac Pro du LP) on a déjà vu de la sorte des
réductions de postes de PLP ! Q : On nous
dit : « Il existe des besoins en formation dans ce métier et il
y aura de la demande, donc ouvrons un CFA dans ce secteur ». N’est-ce pas
une vérité ? R : NON, c’est un argument trompeur. Si c’est vrai et qu’il y
a des besoins il faut obtenir du rectorat et de la région qu’ils ouvrent une
nouvelle section de CAP, BEP, ou Bac Pro en formation initiale dans le LP. Au
moins, les jeunes auront une garantie de formation complète et de
qualité ; et ils pourront peut-être même poursuivre d’autres études après. Q : Il paraît que
si nous prenions une section d’apprentissage dans le LP nous aurions plus de
taxe d’apprentissage pour faire fonctionner le LP ? R : FAUX ! Vérifiez déjà ce qu’il se passe actuellement.
Est-ce que toutes les entreprises qui « acceptent » nos élèves de
CAP, BEP, Bac Pro en stage, PFE… versent toutes la TA au LP ? Est-ce que
toutes les entreprises où le LP fait ses achats versent leur TA au LP (même
EDF/GDF, France Télécom, la Poste, IBM… ?). La réponse est évidemment non
pour la totalité. Alors par quel miracle en serait-il autrement ? Ne
croyez donc pas cet argument qui n’a jamais été vérifié. Le chef d’établissement
est-il prêt à dire aux entreprises qui « acceptent » les élèves du LP
en stage qu’elles ne seront plus bénéficiaires de ces jeunes si la TA n’est pas
versée au LP ? Q : Peut-on savoir
ce que coûte l’apprentissage ? R : Quel Ministre courageux voudra bien dire ce
que coûte réellement à court et à long terme l’apprentissage (exonérations
patronales, coût pour la sécurité sociale, détaxes, primes, contrôle des coûts
des CFA où…on paye même des démarcheurs pour récupérer de la
Taxe !) ? L’opacité reste de mise pour ce budget ! Q : Est-ce pareil
pour la Taxe d’Apprentissage ? R : OUI ! Où peut-on voir la réalité du chiffre ?
C’est un secret bien gardé que de nombreux ministres successifs n’ont pas
réussi à élucider, ou n’ont pas voulu dévoiler. Les différences de collecte
entre le public et le privé pour une même formation sont extraordinaires :
parfois le décuple au détriment des LP Publics ! Et selon les niveaux de
formation, on se demande bien ce qu’ils peuvent faire de cette manne ? Et
quand on sait que même des partis politiques peuvent toucher de la Taxe
d’apprentissage pour… leur appareil de formation ! Et quand on sait que
des organismes collecteurs font travailler (pour eux) la collecte de ces fonds,
on n’a plus de doute sur les…écuries d’Augias. Q :
Que répondre quand on nous dit : « Mais
l’apprentissage/alternance c’est aussi une formation initiale » ? R : FAUX ! Quand on est « sous contrat de
travail », même de « type particulier », on n’est plus dans
l’enseignement initial ! Un élève n’est pas un apprenti. Les années
d’apprentissage comptent pour la retraite, pas les années d’élève ! La Loi
précisait qu’ « aucun jeune ne doit sortir du système scolaire sans
avoir obtenu au moins le niveau V », elle n’est dons pas respectée. Nous
devons donc refuser toute autre solution que celle qui consiste à obtenir
d’abord au moins un CAP ou un BEP avant de sortir de l’école. Q : Est-ce qu’on
peut toucher à mes 18h hebdomadaires si j’exerce en apprentissage ? R : OUI. L’horaire hebdomadaire des PLP est lié à
l’enseignement en formation initiale. Dès lors que vous vous retrouvez hors du
cadre statutaire vous devez accepter les contraintes. Par exemple en GRETA
c’est 647h globalisées sur l’année, alors en CFA… Q : Certains
disent que « l’alternance sous statut scolaire c’est mieux parce qu’au
moins l’Etat contrôle ». Est-ce vrai ? R : NON. Le problème du contrôle n’est pas un argument
sérieux. Actuellement, les SAIA (services académiques de l’inspection de
l’apprentissage), les Régions, les Chambres de Commerce, les Chambres des
Métiers sont déjà chargés de ces contrôles de l’apprentissage. Et il n’y a
aucun contrôle nouveau si ces sections sont en LP ! C’est une expression
mensongère qui cherche à faire accepter l’inacceptable ! Q : Qu’est-ce
qu’on craindrait si toute la formation était mise en
alternance/apprentissage ? R : Ce serait alors la privatisation d’une
partie de l’école publique et laïque. Les jeunes pour lesquels le LP, SEGPA,
EREA sont une autre voie de la réussite seraient pour un grand nombre d’entre
eux laissés pour compte. Vous connaissez déjà les difficultés que nous rencontrons pour « placer les élèves en
stage ». Vous savez que nombre d’entreprises refusent. Et qu’elles
refuseront tout autant de « prendre » «certains jeunes » en
alternance/ apprentissage puisqu’elles les refusent déjà ! Et pour les
personnels ce sera la privatisation aussi, la fin du statut de fonctionnaire de
l’Education Nationale. N’en doutez pas ! Q : L’entreprise
ne « prend »-elle pas des apprentis pour les former et les
embaucher ? R : Vérifiez chez votre coiffeur et vous serez
édifié(e). Pourquoi un tel défilé d’apprenti(e)s et pas d’embauche à la
sortie ? La réponse est évidemment NON ! Ou alors ça se
saurait ! En fait, « utiliser » un(e) apprenti(e) c’est rentable ! Cela permet des
exonérations de charges sociales sur les salaires, de se dispenser de verser
des taxes sur la formation, la TA, de recevoir des aides financières
conséquentes. Mais l’entreprise n’a aucune obligation de « faire
réussir » l’apprenti(e) ou de l’embaucher ! L’apprentissage, c’est
pro…fiter des jeunes ! Q :
L’apprentissage étant un « contrat de travail de type particulier »,
n’y a-t-il pas de garantie que le « maître d’apprentissage » sera un
bon formateur ? R : NON. Le brevet de maîtrise est facilement attribué. Rien
n’est contraignant. L’entreprise peut « prendre » un ou même dix
apprentis, et même sur plusieurs sites. Rien n’oblige le « maître
d’apprentissage » à être là en même temps que l’apprenti(e). Rien ne lui interdit
de « prendre » d’autres apprenti(e)s si les échecs à l’examen
existent en permanence. En fait, il ne craint que l’inspecteur du travail pour
« manquements graves » au Code du travail : hygiène, sécurité,
dépassement horaire. Il n’est même pas rare qu’il interdise à l’apprenti(e)
d’aller au CFA pour des besoins urgents de production ! Q : L’école
doit-elle « s’occuper de la formation professionnelle » ? R : OUI. Sous réserve d’une profonde révolution des
entreprises en France, et nous n’en sommes pas à la veille, nous pouvons être
fiers de poursuivre notre tâche d’enseignants, d’éducateurs et de formateurs.
La dimension formation initiale et formation continue des salariés n’est pas
encore une action cotée à la bourse des patrons qui misent plus facilement sur
la précarité et la déréglementation que sur les qualifications. Q : Il paraît
que : « L’école forme des chômeurs ». Vous ne le pensez pas
un peu ? R : NON. Mais alors pas du tout. Sauf pour
ceux qui pensent que le marché de l’éducation est « juteux », qui
peut avancer de telles inepties ? Il y a confusion ! L’école ne crée
pas d’emploi, elle participe à la formation générale, théorique et
professionnelle du jeune pour favoriser son insertion professionnelle et
sociale. Mais cette insertion sociale sera réussie s’il y a un emploi au bout.
Et un emploi ou un autre emploi pour longtemps car le jeune qui débute son
activité professionnelle en 2005 devra travailler jusqu’en 2045 ou plus !
Il est donc indispensable qu’il ait les meilleures bases possibles. L’école peut
y pourvoir. Mais croyez-vous que l’entreprise héritée de Papa qui
« prend » un ou des apprentis aujourd’hui a mis cet horizon 2O45 en
perspective ? OUI,…dans son tiroir-caisse aujourd’hui ! Q : On nous dit
que : « l’apprentissage augmente ». Ce ne serait pas
contradictoire avec votre vision des choses ? R : NON. D’abord, globalement c’est faux,
c’est sa nature à des niveaux plus élevés qui augmente. Nous avons toujours eu
comme position laïque au SNETAA EIL de n’abandonner aucun jeune en chemin. Et
quand des Ministres parlaient de 80% d’une classe d’âge au niveau du Bac, nous
nous sommes toujours souciés des 20% manquants dont personne ne parlait. Et
lorsque l’on a entendu parler des « deuxièmes chances » ou
de « la formation tout au long de la vie » on a apprécié mais
continué à revendiquer d’abord une vraie première qualification, la vraie
première chance pour la suite pour que tous les jeunes soient pris en compte. Q : Pourquoi êtes-vous contre
l’apprentissage/alternance ? R : Parce que je suis laïque et humaniste,
et que je pense que l’Ecole est mieux à même de réussir, parce que c’est son
rôle, de former à la fois l’homme – le citoyen – le travailleur et pas
simplement l’outil de travail ou le répétiteur du geste. Parce que je préfère que TOUT
jeune puisse d’abord bénéficier d’une bonne formation générale, de son libre
arbitre, d’une bonne formation professionnelle initiale et d’une qualification
qui peuvent être des passeports pour l’insertion, l’emploi ou des poursuites
d’études et des compléments de formations. L’apprentissage n’offre pas ces
garanties à tous. Et sérieusement, vous croyez que le souci premier des
entreprises n’est pas le chiffre d’affaires mais le bonheur du jeune, la
recherche de sa réussite, de sa formation, de sa qualification, de sa promotion
future ? J’ai comme un gros doute, pas vous ? |